Dans le dossier « Construction and Demolition Waste : challenges and opportunities in a circular economy »[1], il est fait référence aux matières premières et à leur rôle dans l'économie circulaire.

Dans une économie circulaire,

« les matières premières ne sont pas sorties de leurs cycles, mais restent dans l'économie le plus longtemps possible, grâce à une utilisation efficace et intelligente. »[1]

Leur valeur est préservée en optimisant la réutilisation ou le recyclage de première qualité.

Les bâtiments et les éléments de construction sont conçus pour être facilement adaptables et/ou démontables presque sans démolition. Or, nous savons que les phases de construction et de démolition dans le secteur du bâtiment constituent l’une des principales sources d’émission de CO2 et de production de déchets.

La directive-cadre 2008/98/CE relative aux déchets avait pour objectif le recyclage de 70% des déchets de construction et de démolition avant 2020. Cependant, à l’exception de certains pays de l’UE, seuls 50% des déchets C&D sont actuellement recyclés.[2]

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La bonne nouvelle, c'est que certains pays de l'UE ont déjà développé et mis en œuvre des mesures qui permettent un taux de recyclage allant jusqu'à 90%.

Les matériaux de construction et les éléments de construction devraient être récupérés de manière rapide et efficace – le but étant d’arriver à une démolition sans déchets –, afin que ceux de haute qualité restent dans un circuit fermé et que leur valeur soit préservée.

« Les actions inspirées du principe d’économie circulaire prises dans les premières phases du cycle de vie d’un bâtiment peuvent profondément influencer la gestion des déchets liés au bâtiment. »[1]

Par exemple, le remplacement partiel du ciment par d'autres matières premières peut entraîner, à l'avenir, une réduction significative du CO2 produit.

Le panorama actuel

Les activités de gestion des matériaux sont responsables des deux tiers des émissions de gaz à effet de serre au niveau mondial, comme l’explique le document « Global Material Resources Outlook to 2060 » rédigé par l’OCDE.[3]

Selon le scénario présenté dans le rapport en question, l’utilisation de matières premières va doubler d’ici 2060, ce qui aura des conséquences évidentes en matière d’émissions de CO2.

La construction et l’entretien de l’environnement construit – autrement dit, des bâtiments – consomment presque la moitié de l’ensemble des matériaux de l’économie globale, et génèrent environ 25% du total des émissions de gaz à effet de serre, d’après ce qu’explique le EASAC dans le rapport « Decarbonisation of buildings: for climate, health and jobs ».[4]

La production de ciment a de graves répercussions sur l’environnement, car elle nécessite de grandes quantités de combustibles (en général, des combustibles fossiles) et est responsable de l’émission de 5% du CO2 dans le monde.[5]

Le rapport mentionné au début de l’article montre comment, d’ici 2050, les matériaux utilisés pour la construction produiront jusqu’à 250 millions de tonnes de CO2[1], du moins si l’on continue à suivre les procédures actuelles d’une économie linéaire (utilisation et transformation des ressources, consommation de produits manufacturés, déchets).

Et ce sont précisément les matières premières que nous déciderons d’utiliser qui feront la différence.

Comment renverser la vapeur

L'utilisation de matériaux secondaires au lieu de matériaux vierges requiert souvent moins d'énergie, si l'on tient compte de l'énergie liée à l'extraction des matériaux vierges.

Par exemple, bien que l'acier ne représente que 2% du total des matériaux utilisés dans les bâtiments, en raison des émissions liées à son extraction et à sa fabrication finale, il représente 25% de leur empreinte carbone.[1]

Réutiliser ou recycler l'acier au lieu d'extraire le minerai peut réduire sensiblement les émissions de gaz à effet de serre.

Le graphique ci-dessous présente un scénario d'économie circulaire qui permettrait de réduire, d'ici 2050, les émissions de CO2 des matériaux de construction de 53 %, en termes de millions de tonnes de CO2.

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Comment? En réutilisant et en recyclant les matières premières, en particulier l'acier, l'aluminium, le plastique et le ciment, et en améliorant leur efficience, afin de les rendre plus durables.

Recyclage, Surcyclage et Décyclage

Parce qu’ils représentent environ 30% de l’ensemble des déchets générés dans l’UE, les déchets de construction et de démolition sont considérés comme un secteur prioritaire au sein duquel le recyclage s’impose comme une question cruciale et, avec lui, la nécessité d’accroître la qualité des produits qui en sont issus.

Toutefois, dans le langage courant, nous sommes habitués à employer le terme « recyclage » de manière très large, pour indiquer toute activité de récupération et de réutilisation de matières premières qui, sans cela, finiraient à la décharge.

Cette simplification doit être évitée, car le recyclage est en réalité un processus très complexe.

Il serait, en effet, plus juste de parler de recyclage, surcyclage et décyclage :

  1. le recyclage consiste à convertir un matériau en quelque chose qui a à peu près la même valeur qu’à l’origine. Par exemple, le métal peut être fondu et réutilisé pour créer de nouveaux produits de même valeur;
  2. le terme surcyclage (ou upcycling en anglais) désigne le processus de conversion de matériaux ou de produits dont on n’a plus usage en de nouveaux matériaux ou produits de qualité supérieure, ce qui entraîne une réduction de la production et donc des émissions de CO2;
  3. le décyclage (ou downcycling en anglais) est, comme son nom l’indique, un procédé par lequel le matériau usé est transformé en une chose de moindre valeur. Cela dit, dans le cadre d’un processus d’économie circulaire vertueux, il est toujours préférable d’investir dans ces procédés plutôt que de choisir de jeter les déchets à la décharge.

Conclusion

Cet article montre clairement qu’une véritable transition vers une économie circulaire permettrait non seulement de réduire la consommation de matériaux et la production de déchets, mais aussi de réduire les émissions de gaz à effet de serre.

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Il faudrait cependant aller au-delà de l'approche utilisée jusqu'à présent, celle qui consiste à ne considérer que les émissions des bâtiments pendant leur phase d'utilisation, sans tenir compte de l'extraction des matériaux et de leur transport ou de l'élimination et de la mise en décharge des déchets non recyclables en fin de vie.

Dans une économie circulaire, les déchets qui peuvent être recyclés ou réutilisés sont réinjectés dans l'économie. Les matériaux secondaires, qui sont recyclés, peuvent être échangés et expédiés tout comme les matières premières primaires, mais ils ne représentent actuellement encore qu'une petite fraction des matériaux utilisés dans l'UE.

Il est d'une importance vitale d'augmenter l'utilisation de matières premières secondaires dans l'industrie de la construction et de permettre également une gestion plus efficace des déchets avec des options plus faciles pour le recyclage et la réutilisation vers une réelle adoption de pratiques d'économie circulaire dans l'industrie de la construction.